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* RECHERCHE D'ADRESSES

Maestro Ettore Cordone

"Cavalleria Rusticana" di Mascagni, Teatro "Alambra", il 1 gennaio 1945

Mo Cordone felicite les acteurs (Nicola Filacouridis tenait le rôle de Turiddu)

"Bohème" de Puccini, Teatro "Alambra", il 7 luglio 1945

(Nicola Filacouridis dans le rôle de Rodolfo)

"Bohème", Teatro "Alambra", il 7 luglio 1945

(Le coeur avec le Mo Cordone au centre)

Nicola Filacouridis et le Mo Cordone

Teatro dell'Istituto Don Bosco, Grande Gala d'Opera

Domenica 28 Gennaio 1950

Partecipanti : Jone Giorgiadis, Timo Calais, Carmelo Bartolo, Amalia Paulidis, Nessim Lallouche, Rodolfo Santarelli, Elena Vourlacos, Lily de Valigny, John Cardina, Nives Marsic, Ivett Richard in Battaglia, Sarkis Sarkissian, Tullio Cordone, Titza Hofmann, Marcella Dahan, Esmeralda Calavas, Daisy Ades, Safia Lalias, Antonio Savalli, Maria Teresa Cordone.

Nous cherchons les adresses des personnes qui ont participé à ce gala.

Veuillez communiquer les adresses à Sandro. Chokran

La Società "Spettacoli Lirici" fu fondata dal Maestro Ettore Cordone nel 1935 con lo scopo di propagare l'opera lirica tanto cara al publico alessandrino.

Le Maestro Ettore Cordone

(1888-1975)

Par Pierre Arab

Celui qui est né à Alexandrie comme moi, ou qui y a vécu un certain temps, n’a pas pu faire autrement que de connaître, de croiser ou tout au moins, d’avoir entendu parler de cette personnalité de premier plan dans le monde musical du pays qu’était le Maestro Ettore Cordone. Ce grand Alexandrin a laissé en Égypte et particulièrement à Alexandrie son empreinte très personnelle d’homme de culture, de savoir et par-dessus tout de brillant musicien. C’est lui qui y a donné l’élan à la connaissance, l’épanouissement et la diffusion de la musique symphonique et lyrique européenne.

J’ai connu le Maestro Cordone quand j’ai commencé mes études comme pensionnaire en classe de onzième au collège Saint-Marc. Mon jeune âge et la discipline des très chers frères aidant, la fréquentation assidue des offices religieux étaient indiscutables. C’est ainsi qu’à l’occasion d’un événement solennel dont je n’ai plus mémoire, je l’ai vu pour la première fois dans la tribune de la chapelle du collège. Au son superbe de l’orgue, il dirigeait à grands gestes majestueux une imposante chorale d’hommes, de femmes et d’enfants. Je n’ai jamais été choriste puisque j’ai été enfant de chœur durant les 12 années qui suivirent, mais c’est cette présence assidue aux manifestations religieuses qui m’a permis de connaître, de mémoriser et d’aimer, sous sa direction devrais-je dire, les plus belles oeuvres du répertoire religieux. Messes, oratorios, Te Deums, Prières, sans oublier les toccates et les improvisations des grands maîtres de la musique qu’il jouait très souvent à l’orgue, pour remplacer le Frère David, lors des offertoires et durant la communion. 

Maestro Cordone était grand de taille, distingué, à l’allure svelte et il portait beau. Il marchait vite et avait l’air toujours pressé. Il chaussait des lunettes rondes aux verres épais qui soulignaient un grand front et une calotte dégarnie qu’entourait une belle couronne de longs cheveux bouclés, qui faisaient penser à une crinière de lion, surtout quand on le voyait de dos à la tribune de la chapelle dirigeant une chorale ou un orchestre.

C’était un homme affable, peu expansif, à l’allure presque modeste. Il croyait dans les vertus de son travail et dans la capacité de ces collaborateurs. Il savait aussi susciter la confiance, ce qui lui permettait de demander beaucoup et d’obtenir encore plus.  Maestro Cordone est né en Italie en 1888. À l’âge de 23 ans, après de solides études académique et musicales, il obtient les diplômes de professeur de chant, de piano, de direction d’orchestre et de composition. Il est remarqué par la reine Marguerite de Savoie en 1911, qui le prend à son service comme organiste en titre. Il est nommé professeur de chant au conservatoire de Turin dont il deviendra le sous-directeur.

 Il deviendra aussi plus tard directeur de la chorale de la sacro-sainte « Academia Santa Cecilia » de Rome, la Mecque des conservatoires Lyriques du monde. C’est à lui que revient le mérite d’avoir formé des chanteurs et cantatrices aux talents exceptionnels et qui sont devenus des célébrités du bel canto dans le monde. Citons les soprani Anna Maria Guglielminetti, Gabriela Mazza, La Roveda, La Scordino, Margherita Carosio qui a été entendue à l’opéra du Caire, Les ténors G. Vizzani et Vittoni, les barytons Borgonuovo et Roberto Longhi et les basses Tancredi Pasero et Il Rama. 

Il dirigea aussi plusieurs saisons lyriques sur les grandes scènes d’Italie aux côtés des chefs réputés tels que Tullio Serafin, Ettore Panizza, Leopoldo Mugnone, Franco Mannino, sans parler du grand Arturo Toscanini dont il fut le premier collaborateur durant plus de huit ans. Le Maestro était aussi l’ami du réputé compositeur Pietro Mascagni qui lui confia plusieurs fois la direction de ses célèbres opéras Cavalleria rusticana et l’Amico Fritz. 

En 1923, le gouvernement égyptien l’invite en Égypte a fin d’instaurer et de diffuser l’enseignement musical dans le pays. Il y restera 50 ans.

 À Alexandrie, secondé par un groupe de personnalités de la communauté italienne, il crée, rue Fouad, le « Liceo musicale Giuseppe Verdi ». Les cours prévoyaient l’enseignement de la musique instrumentale et vocale ainsi que la danse, aux niveaux primaires, intermédiaires et supérieurs, par des professeurs bien connus dans la société européenne d’Alexandrie, tels que les professeurs ; monsieur Morghese et madame Bersano pour le Piano et le solfège, messieurs Berdichevsky  et Fritz Rosati pour le piano, madame Loria pour la théorie de la musique monsieur Hemsy pour l’harmonie, monsieur Athos Catraro pour l’histoire de la musique ( monsieur Catraro deviendra plus tard journaliste et éditeur du journal italien « La Cronaca »), maestro Cordone enseignera le piano, le chant, l’harmonie, et le chant choral, madame Sironi enseignera la danse, madame Sesta enseignera l’italien et la diction, essentiels pour le chant, surtout pour ceux qui venant des nombreuses écoles étrangères où l’italien n’était pas enseigné.

Le dimanche, les élèves du lycée à prédominance féminine, unissaient leur voix avec quelques amis et connaissances pour exécuter des chants choraux populaires et classiques. Les répétitions avaient lieux entre 10 heures et midi chez Papazian, qui vendait de beaux pianos, tels que les Steinway, les Beckstein et d’autres. 

En 1934, le nombre d’élèves atteint 200, le lycée déménage alors rue Nebi Daniel dans des locaux plus vastes et plus fonctionnels. L’État italien décide alors de reconnaître l’excellence du niveau de l’enseignement qui y est donné et décrète qu’il est équivalent à celui donné dans les conservatoires de musique italiens. Ce faisant, il assurait au lycée une grande part du financement de ses activités. Mieux encore, il en confie la direction  au maestro Eriberto Scalino libérant le Maestro Cordone des tâches administratives qui hypothéquaient ses nombreuses activités artistiques.

Suivirent alors, sous sa direction et avec la participation de ses élèves, des représentations et des spectacles dans toute la ville. Cavalleria rusticana, Pagliacci, La Bohême sont donnés au théâtre Alhambra, tandis qu’on produisait la Danse des heures de l’opéra La Gioconda d’Amilcare Ponchielli et le ballet de l’opéra de Aïda de Giuseppe Verdi au théâtre Mohamed Aly où la mise en scène était faite par Ruggero Leoncavallo, un collaborateur proche du Maestro Cordone. Ruggero Vladimiro Renato Leoncavallo comme l’appelle son neveu, mon ami Edoardo Leoncavallo, avait le « show biz » dans le sang. Doté d’un sens de l’humour incroyable, il écrivait des scénarios et des pièces de théâtre pour la radio du Caire où il avait un programme et pour la scène de l’Auberge des Pyramides dont il était le directeur artistique.

Quand le navire école l’Americo Vespucci accosta à Alexandrie, les élèves du lycée sous la direction  du maestro exécutèrent pour l’équipage des danses et des chants, entre autres, le fameux Libbiamo de La Traviata et le très patriotique « Vapensiero » de l’opéra Nabucco de Giuseppe Verdi.

Nous sommes alors en plein âge d’or de la ville. Alexandrie est la perle de la Méditerranée. Les scènes alexandrines et l’opéra du Caire sont devenus des étapes importantes à franchir pour accéder à des sommets artistiques internationaux. Les plus grands noms de la scène lyrique s’y affichent. Beniamino Gigli, Maria Caniglia, Ettore Bastianini, Galliano Masini, Tito Gobbi, Gianna Pederzini, Virginia Zeani, Renato Gavarini, Gino Bechi, Clara Petrelli, Cesare Bardelli, pour ne nommer que ceux-là.

Bien sûr, il y a eu la guerre, avec l’Italie du mauvais côté, qui a ralenti considérablement cette extraordinaire explosion artistique, mais tout cela devait reprendre de plus belle une fois le conflit terminé. L’on revit au Caire et à Alexandrie toutes les grandes troupes d’opéra, de ballets et de théâtre au monde, sans oublier les orchestres symphoniques les plus prestigieux comme celui de Berlin sous la direction du grand Wilhelm Furtwangler, et celui de Vienne sous la direction de Clemens Krauss.

En 1957, l’opéra du Caire  fait appel au maestro pour former ses chœurs, mettant à profit sa grande expérience et la profondeur de son savoir. Le Conservatoire national de musique ne tardera pas aussi à le nommer professeur de chant.

C’est lors d’une des plus grandes manifestations organisées par La Réforme illustrée, pour la promotion du tourisme à Alexandrie, sous le patronage de son excellance Abdel-Khalek Hassouna , gouverneur de la ville, que le Maestro Cordone obtint un triomphe inoubliable. En effet, il dirige aux jardins Antoniades, l’acte entier du retour triomphal de Radamès de l’opéra Aïda de Verdi, avec un orchestre de 70 musiciens, 40 choristes et la fanfare de l’armée égyptienne au complet.

Depuis aussi longtemps que 1905 jusqu'à sa disparition, le Maestro Cordone a composé de la musique sacrée et profane. Messes, vêpres, mottets parmi lesquels le « Tu es Petrus » a huit voix et double chœur, dédié à Sa Sainteté Paul IV et les oratorios « Trifondo della fede » « Poemetto Antoniano » « L’Immacolata Concezione » et « Martyrium ».

Il composa aussi plusieurs autres œuvres dont la comédie musicale en trois actes « Aspettami Arturo », l’opéra « Pagina di sangue » et l’opéra « L’ultimo baccio » qui a été monté et exécuté par le Maestro et ses élèves en mai 1930, lors de la visite des plénipotentiaires italiens pour évaluer le niveau de compétence musical du lycée.

Nombreux ont été les médailles, décorations et autres honneurs locaux et internationaux qui lui ont été octroyés. En 1962, lors d’une grande cérémonie organisée en son honneur, le chef du gouvernement italien, l’Honorable Giuseppe Saragat, le nomme commandeur de l’État et lui en décerne personnellement  les insignes, tandis que le gouvernement égyptien l’honorait en lui décernant une médaille d’or. 

Ce très grand Alexandrin, aux dons immenses et au vaste savoir, qui a été sur toutes les  scènes et qui a connu les grands de ce monde, n’a jamais été aussi heureux que quand il enseigna la musique et le chant. Que ce soit à Alexandrie, à Rome, au Caire ou à Turin, le professeur Cordone a toujours donné, avec amour et conscience, le meilleur de lui-même pour initier les jeunes talents à son art, en les faisant pénétrer dans la splendeur et la richesse de la musique.

Le Maestro Cordone, qui a passé un demi-siècle à Alexandrie, s’est éteint à Milan en 1975, à l’âge de 87 ans.

J’ai écrit ces lignes aux alentours de Noël en écoutant le grandiose  « Messie de Handel » que l’on joue traditionnellement à la Basilique Notre-Dame de Montréal. Je l’ai écouté dirigé par Franz-Paul Decker, Charles Dutoit et d’autres, mais malgré la pompe et les fastes entourant ces événements, il me revient en mémoire, avec beaucoup de nostalgie, comme in sottovoce, le Messie de Handel du collège Saint-Marc, de notre Maestro Cordone.

Montréal le 2001-12-30

Je voudrais ici remercier Madame Mirelle Aricò Cordone et son époux, Son Excellence l’ambassadeur Piero Cordone, fils du célèbre Maestro à qui j’ai adressé le présent article et qui, en retour, m’ont gentiment gratifié de leur assentiment et de la présente photo du Maestro.  

Sources :

The memories of Beniamino Gigli.
 Traduction de Darina Silone. London
 Cassel 1957
 
Ettore Basianini.
 Bob Rideout's biographies. 8 janvier 2001
 
Le journal d'Alexandrie
 Ceux qui s'en vont. 1975
 
L'encyclopédie musicale italienne.
 
Le progrès Égyptien
 Antoine Gennaoui. 1972
 
La fondatione e la parificazione del liceo Giuseppe Verdi
 A cura di Iris Carpani Rosati
 
Il maestro Ettore Cordone (1888-1975)
 Come ricordo il maestro. Tina Flavetta Giudice
 
Tout l'opéra
 Kobbé. Robert Laffont
 
Edoardo Leoncavallo.
 Correspondance

 

  

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